Les Roms

Publié le par Pierre-Antoine

Un article de Gérald le marseillais, qui s'est attaché aux Roms et leur situation difficile dans une Europe en pleine abondance.

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A toutes et à tous, bonjour.

Chaque ville possède ses institutions propres, créées à partir de ses propres besoins. Ainsi, l’une des institutions les plus notables de Marseille, en ce moment, est sa population de gens venus de l’est. Les Roms !
Le bus filait à une vitesse que je jugeais excessive. Je me rendais, ce jour là, à une formation professionnelle pour éviter les déformations. Dans un décor aux nuances de gris Des immeubles crasseux, et des rues sales, défilaient sous mes yeux. J’en étais à mes réflexions quand soudain, je vis trois individus, chacun tirant ou poussant  à ce qui ressemblait être un caddie ; ils arpentaient la rue et s’arrêtaient devant des containers, ou les habitants vident les ordures accumulées pendant la journée
– Des chiffonniers, pensais-je !

Tôt le matin - et la vie marseillaise commence très tôt -, on peut voir dans la plupart des rues, placées sur le trottoir en face de chaque cour et de chaque allée, et dans l'intervalle de deux ou trois pâté de maisons, des hommes et des femmes misérables, crasseux et l'air affamé, dont les outils de travail consistent en un sac ou une poussette brinquebalante.

Ils trient, classent, répertorient des tas d’ordures. Puis s'en vont, lorsque le travail est terminé, vers d'autres champs de labeur et vers d'autres pâturages nouveaux.
- Des Roms, soliloquai-je, pauvre gens.

Avant les Roms, il y avait les « autres », les sans noms, les SDF de maintenant, les sans abri, les sans papiers, les sans moyens, les sans le sous et les sens dessus dessous. Tout cela me donnait le vertige, rien que d’y penser. Que de sans, que de sans !

La majorité des Roms, roumains, souvent sans travail, suite au chômage dû la transition post-communisme, sont désormais irrésistiblement attirés par les promesses de richesse de l'Europe de l'Ouest. Ces promesses d’une vie meilleure qui répondent au nom de: migration économique. Et question qualité de vie et d’existence meilleure, ils sont loin du compte.
Mais que peuvent ils attendre d'autre, de nos jours ? Quelle espérance pour eux ?

Le bus s’arrêta à un feu rouge. Je continuai mes réflexions.

Quelle différence entre un Tzigane et un Rom ?
J’ai connu quand j’étais jeune, un pasteur Tzigane et sa communauté. Monsieur ou pasteur Raoul, empailleur de métier. Il travaillait à ses chaises en s’occupant des âmes.

Avez-vous entendu parler de la révolte des Tziganes en Slovaquie ? Incroyable, n’est ce pas ! Une révolte…de la faim. Pour bien marquer leur adhésion à l’Union européenne, le gouvernement a baissé les aides sociales de façon radicale, dont l’allocation chômage.
Que s’est il passé à votre avis ? Des pillages dans les supermarchés s’en sont suivis.
Affligeant !

La faim entraîne des murmures et des contestations. Mourir de faim à notre époque, cela peut il se concevoir ?
Non, du moins pas en France.
J’ai de plus en plus souvent le sentiment d'avoir atteint un niveau philosophique de bas étage. Je culpabilise, mais pourquoi ? Du fait que j’ai toujours eu à manger et que je n’ai jamais connu la faim ?
Est-ce ma faute ?

Un jour, mes explorations me conduisirent près d’un endroit pauvre de Mon quartier qui n’existe plus aujourd’hui. Un de mes amis boulanger, m’avait appelé dans la journée. Il ne savait pas ou placer une commande de cinq cent pains qui venait d’être annulée.
- ne bouge pas, j’arrive ! J’avais rempli ma voiture de sacs de pains. Le volume en était impressionnant. Et, de ce fait, je décidai d'investir non pas philosophiquement le monde des Roms, son habitat, sa vie, ses moyens d'existence, en leur apportant de quoi se nourrir pour un repas, Mais de voir la réalité et d’essayer de comprendre leur vécu.

A peine avais je sorti mon premier sac de pain que j’entendis une cavalcade derrière moi. Je me retournai brusquement et vis une foule qui accourait. Impressionnant !
Néanmoins, en dépit du bon sens, mon obstination prévalant, j'entrepris ma nouvelle investigation avec une énergie plus grande ; j’entrai dans leur monde, en serrant un sac de pain. Le choc.
Je pénétrais dans le saint des saints de leur squatte. L'endroit était évidemment le lieu de résidence de nombreux Roms. Après le choc ce fut une vision d’horreur.  Je passai parmi des tas d’ordure qui se dressaient debout comme des sentinelles bien alignées. Hommes, femmes et enfants vivaient dans une promiscuité alarmante et repoussante.

C’est cela, les promesses de richesse de l'Europe de l'Ouest. Ces promesses d’une vie meilleure qui répondent au nom de: migration économique.
 
Je constate que chaque gouvernement veut se débarrasser de la misère humaine en créant de véritable ghetto. J’ai lu récemment un article sur le sujet, Je cite :
Qui s’occupe de la pauvreté des Roms et de la menace consécutive d’une prétendue "invasion".
Certainement pas les Roms. Ils veulent vivre là où ils sont nés"ce qui est considéré comme une "question rom" est avant tout une question de pauvreté, un problème de politique économique et sociale dont les Tziganes représentent la partie la plus visible mais ne sont pas les seules victimes, loin de là. Dans cette histoire, estime Agnes Daróczi, "la séduction des capitaux étrangers, l’utilisation de l’argent de l’Union, la cohésion sociale et, dans un sens plus large, la stabilité de l’Europe" sont, elles aussi, en jeu.
A l’Union élargie donc de trouver une solution satisfaisante pour que les grands perdants des changements de régime à l’Est ne soient pas aussi ceux de l’adhésion à l’Ouest. Le défi est d’autant plus grand que, en 2007, avec l’entrée prévue de la Roumanie et de la Bulgarie, quelque 2,8 millions de Roms supplémentaires, vivant eux aussi dans une pauvreté extrême, sont censés rejoindre l’Union européenne."Et dans l’éventualité d’une amélioration économique, ils seraient les derniers à en profiter en obtenant un emploi", explique István Kemény. Le journal rappelle au passage qu’en Hongrie, comme dans la plupart des pays d’Europe centrale, seulement un tiers de la société vit à l’abri de la précarité, loin des deux tiers de l’Europe occidentale. Que faire alors ? "En attendant la relance, les gouvernements n’ont qu’à améliorer la scolarisation des Roms et remédier aux inégalités territoriales en orientant les investissements dans les régions en crise et en tirant le plus de profit de l’Union européenne." Une recette qui doit prévaloir dans tous les pays concernés. Car d’ici deux mois, les quelque 1,4 million de Roms d’Europe centrale seront bel et bien citoyens de l’UE.

Bonne semaine. 

Gérald.

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C'est vrai, il y a des situations qui nous interpellent.

"Tu ne porteras point atteinte au droit de l‘étranger et de l’orphelin, et tu ne prendras point en gage le vêtement de la veuve." (Deutéronome ch.24 v.17)

Cordialement,

Pierre-Antoine

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